Hakuei Sakurada

{ Hakuei Sakurada

In my mind

Hakuei. Ca pourrait être un synonyme de "tu vas crever vite et seul".

Un peu toqué, pas net du ciboulot, Hakuei est considéré par les uns comme un grand malade, par d'autres comme un génie. Tout dépend sûrement du côté de la balance. Il n'aime pas l'immobilité, et c'est ce qui le pousse à jouer avec le feu. D'abord bien droit dans ses baskets, son histoire l'a fait définitivement chuter dans les rues dégueulasses d'Ueno, avec des fréquentations peu recommandées. Mais qu'importe ? Jouer n'est pas qu'un passe-temps : c'est une raison de vivre. Au début c'est avec les données qu'il œuvrait, tel un Maestro tapotant le sourire aux lèvres sur son clavier maculé de mensonges. Puis il s'est fatigué, et a voulu corser les choses : maintenant c'est avec les explosifs qu'il se diverti. Pas plus con que la moyenne, mais pas un surdoué. Tant qu'à faire autant dire qu'il a autant de chance de se faire descendre par son propre mécanisme que par Kira.

D'ailleurs, c'est qui ce mec ? Un petit connard prétentieux qui veut se la jouer grand seigneur ? Ou un mec au cœur plein d'espoir qui a vraiment les couilles d'améliorer ce monde souillé par le pourriture humaine ? Hakuei n'a pas encore d'avis. Mais si ce type-là doit le descendre, il espère au moins que ce sera théâtral. Pas genre crise cardiaque. Peut-être en tapissant le mur de son propre sang, comme le gars d'il y a plusieurs mois ? Ou en faisant péter un commissariat de volailles corrompues ? Ou une prison de gros bâtards classés "détention dangereuse" ? Bref, Hakuei n'a aucune opinion sur Kira, et ne le craint pas non plus. Pas par hypocrisie ou par prétention, … simplement par désespoir ? Lui qui cherchait à fuir ce monde-là, le voila désormais à l'accueillir les bras grands ouverts.

Outre ses activités de gangsta des bacs à sable, le Sakurada a des passe temps plus communs. Chatouiller l'asphalte en moto, fouiner dans les fêtes foraines, se gaver de sucreries, laisser traîner des origamis en ville … C'est que c'est un artiste notre Hakuei ! Il danse sous la pluie l'artificier de choc ! C'est que l'humidité c'est quand même vachement mieux que la chaleur ! C'est détestable la chaleur. Comme les nouilles de qualité à chier, ou les livres qui empestent la poussière. Oui, c'est un chieur le Sakurada. Il casse les couilles à tout le monde, son humour ne fait rire personne, il est plus affligeant qu'attachant. Susceptible aussi. Il a rien pour lui, qu'est-ce que vous voulez, ça arrive non ?

Sors pas les mouchoirs

Hakuei, c'est le type Clinex. Il ne vivra pas bien longtemps, et il en a conscience. A croire que dés sa naissance les Parques se sont amusés à foutre le feu au fil désignant sa vie. Ainsi jusque là il a réussi à courir plus vite que la flamme. Mais à jouer avec le feu on finit toujours par se brûler.

Hakuei n'est ni malheureux, ni en extase. Ni à plaindre, ni à envier. Il est juste d'un ennui affligeant. Une petite vie d'une banalité impressionnante. Né du côté d'Ueno, d'un paternel inconnu, il a vite été initié aux "affaires" de la famille : à savoir le grand banditisme. Et ce malgré les efforts de sa matriarche pour l'extirper du quotidien des mâles de la famille. Ainsi Hakuei s'est retrouvé dés son plus jeune âge déchiré entre deux avenirs. Intégrer le clan de bandits de bas étage, ou suivre des études et devenir quelqu'un. Le gosse parvint à jongler avec les deux jusqu'à son statut de jeune adulte. Des contrôles de Maths d'un côté, des surveillances pour les oncles de l'autre. Initiation à l'informatique, trafique de machine d'arcade. Récitations, passage à tabac. Petit étudiant propre sur lui et "Diantre ! Quels palabres forts distrayants sur la douce mélodie d'une diction enjôleuse !". Petit connard des rues planqués derrière son masque et sa capuche. Et vint finalement le moment de faire un choix.

Quand ta mère est une pute, elle a beau t'aimer de tout son cœur, elle doit bosser pour subvenir aux besoins du petit foyer. Quand ta mère est une pute, y a des chances qu'un malade la prive de son souffle de vie. Et généralement, le résultat n'est pas beau à voir. Certes, tonton, et tonton, et tonton, et la vieille putain ont réclamé vengeance. Certes, le fumier à casquer. Mais l'appartement reste vide. Le liquide salé se fraye toujours un chemin sur tes joues glacées, sème toujours le chaos dans ton cœur abîmé. La bouffe vient à manquer. Les connards continuent de venir chercher une petite distraction. Et les renvoyer avec tes poings cause forcément des dommages collatéraux. Ensuite c'est le froid qui t'a saisi. Puis le sommeil. Et enfin l'ennui. Oui, il fallait se ressaisir, mais pour quoi faire ? Dans quel but ?

Que ce soit la faim, la solitude ou la douleur, Hakuei semblait avoir sombré dans la folie. A craquer des allumettes par centaine, forcément y a pas que le bois qui se consume, hein. Certains disent qu'il est taré, d'autres qu'il est vicieux. On peut dire qu'il est visionnaire, ou simplement lessivé. Tout dépend du point de vue. Tout dépend du jour. Pour faire des études, il faut de l'argent. Quand personne ne bosse, il faut se relever les manches. Mais quand on a un emploi, c'est tendu de gérer ses études. Et le commerce familial. Alors le gamin s'est encore frotté à un énième échec. Ses vieux tontons l'ont foutu dehors et il s'est démerdé comme il a pu. D'abord dans des commerces de merde. Puis après le premier braquage il s'est tiré. Ensuite dans un magasin d'informatique. Puis on lui a proposé mieux. Du "piratage" comme disent les anciens. Quelques infos, puis des falsifications, du contenu à chier, de la publication sur la partie dégueulasse d'Internet … Oui il s'est fait chopper de temps en temps, mais avec un employeur pareil on ne reste jamais bien longtemps au trou. Donc Hakuei a un bon CV. Tant du côté obscur que chez la flicaille. Avec un gros magots pareil il aurait pu se relancer dans le droit chemin. Mais avec un patronyme pareil comment rester crédible ?

Alors Hakuei a quitté son employeur d'un commun accord. Le premier voulait voir plus grand. Le second cherchait du sang neuf et moins fiché. Ambitieux ? Non, juste ennuyé. Car quand on est toujours dans la même routine on finit par réfléchir, et réfléchir c'est mauvais. Ainsi le petit con des rues a monté une petite affaire de gangsta de bas étage. Un groupe minuscule qui joue les gros bras pour qui a besoin, qui tapote du clavier ou fait péter la chambre de mémé. Et le tout masqué derrière un honnête garage, parce que Mécano c'est une jolie couverture. Et puis, bricoler des pièces ça permet de moins se bricoler l'esprit.